Depuis mon adolescence, la photographie a été pour moi une manière d’aller à la rencontre des autres. C’est ce qui m’a poussé à entreprendre des études collégiales en photographie au Cégep du Vieux-Montréal (2010-2013). Dès le début de mes études, je me suis tout de suite intéressé à la photographie documentaire. Notamment, j’ai couvert la grève étudiante de 2012 et le mouvement «Occupons Montréal». J’ai alors été témoin d’actions politiques qui ont engendrées des changements sociaux, mais ce qui m’intéressait surtout, c’était de rendre compte en images de la vie quotidienne de ces personnes qui portaient ces actions. 

Ensuite, porté par l’envie de connaître davantage les enjeux entourant la photographie et plus largement l’art contemporain, j’ai amorcé un baccalauréat en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal (2013-2016). En prenant la voie de la théorie, j’ai pu acquérir des outils d’analyse qui m’ont permis d’enrichir ma propre démarche artistique. En étudiant les travaux de plusieurs artistes, particulièrement des photographes tel que Raymond April et Raymond Depardon, j’ai eu le désir d’explorer ma propre subjectivité. Ainsi, j’ai commencé à documenter mon quotidien de manière plus personnelle, en particulier lors de mes déambulations urbaines. 

Avec ces nouvelles réflexions, je me suis intéressé au thème de l’errance. Celle-ci représente pour moi une valorisation non pas de la destination, mais plutôt du chemin parcouru. Cette démarche s’est manifestée lors d’un voyage à travers plusieurs régions du Québec, dont la Basse-Côte-Nord et l’île d’Anticosti. Pendant ce parcours de deux mois, j’ai fait la rencontre de plusieurs personnes aux modes de vie variés, ce qui a alimenté mes pensées à propos de la notion de territoire. C’est au courant de ce voyage que j’ai voulu pour la première accompagner mes photographies par des poèmes. Le tout a été rassemblé dans ma première exposition solo nommée Viraillages (2018). 

Par la suite, j’ai approfondi ma pratique de l’écriture en la croisant avec celle de la photographie en publiant le recueil Les demeures latentes (2020). Le point de départ de ce projet a été de retourner sur les lieux de mon enfance. Des lieux qui ont marqués mon imaginaire ou qui m’ont simplement permis d’être bien. Pour plusieurs d’entre eux, j’en avais des souvenirs clairs. Pour d’autres, je n’avais simplement que des témoignages extérieurs qui m’ont été racontés. L’écriture poétique m’a servi à renouveler mon regard sur ces lieux et ainsi qu’à nommer la distance entre moi et mes souvenirs, entre le passé et le présent. De plus, j’ai pu aborder le thème de la famille en évoquant des dialogues à propos de la transmission et du passage du temps.