Bien que ma démarche artistique est imprégnée de voyages à travers le monde et les mers, de maternités, de proche aidance, de deuils, d'architecture de paysage, de violences conjugales, de participation active à la politique régionale, elle semble se tourner irrémédiablement vers la lumière, la connexion à la nature et avec une approche participative, sociale et consciente. Mon travail célèbre la biodiversité, tout en interrogeant les récits sociaux et en honorant les histoires individuelles et familiales, les liens d'amitié.

Je mène ma vie et mon travail avec un engagement envers la durabilité et l'inclusion, aspirant à créer un studio ouvert et authentique où l'art et l'environnement se rencontrent harmonieusement.

Mon travail se veut résolument contemporain, à cheval entre l'art figuratif, décoratif, conceptuel et abstrait, je flirt avec l'assemblage, l'estampille, le dessin, la broderie, l'aquarelle et la gravure: j'habille des murs... C'est un art textile rugueux, inquisiteur, engagé, onirique.  Mais rien de plus, j'habille des murs. C'est un art persévérant, résultant d'une recherche constante et d'une dévotion à la pratique des Arts, qu'ils soient beaux ou plastiques aussi bien qu'au mariage des mots. Et toujours, j'habille des murs.

Démarche artistique:
Chez moi, les idées artistiques, qu’elles soient en image, en mots ou en concepts, se téléchargent dans les moments où je ne m’y attend pas : en conduisant, en lisant, en dégustant ma tisane, pendant la sieste. J’ai toujours eu une fascination pour les matériaux, les lieux, les mots et les concepts orphelins, déchus, ceux du passé qu’on a oubliés ou abandonnés consciemment ou non. J’adore les débusquer et leur redonner une voie, une voix, une image, une couleur, une émotion peut-être.

J’aime la façon dont le processus et le geste de la gravure et de la broderie peuvent mettre une distance entre le sujet et l’artiste. J’aime la façon dont cela m’oblige à résumer, à creuser, à empiler (théoriquement ET physiquement)! Je travaille de façon très organique, intuitive, et pourtant, à la fin, comme dans un rêve loufoque dont on tente de tirer une leçon ou la lecture d’un avenir potentiel, il existe et se dégage un sens, un impact que mon cerveau n’a pas voulu me dévoiler pendant le processus actif. La naissance d’une œuvre est toujours un peu euphorique et m’aide à saisir le monde.

En parallèle avec cela, je ne pouvais pas envisager une carrière dans les Arts sachant que ma pratique pourrait avoir un effet délétère sur l’environnement ou que j’évolue indépendamment du contexte social et sans réciprocité avec les acteurs locaux. Je m’implique dans ma communauté, dans la vie politique, et je garde une trace des déchets que je produis (et parfois je garde les déchets qui m’inspirent), je prends conscience de la qualité (ou non) des intrants, et je vois si  l’amour injecté dans le mode de production ajoute une valeur. Rien n’est parfait et parfois le lâcher prise et le pardon sont mes meilleurs armes… Parfois, les oeuvres seront sujets à se détériorer ou à se décolorer au fil des années… J'apprends à vivre avec mes paradoxes… les apprécier viendra plus tard sans doute...